Fin d’étude : les BP paysage rivalisent de créativité
Renforcer la motivation, développer l’inventivité et l’autonomie des apprentis en brevet professionnel « aménagement paysager »… l’équipe de l’antenne de Blois du Centre de formation et enseignement d’apprentis agricoles 41 a fait évoluer l’examen final, en imposant à chacun de créer son propre jardin.Yaël Haddad
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Le succès de ce qui est devenu une véritable manifestation au sein du centre de formation du CFAAD* 41 (antenne de Blois) reste lié à la démarche originale adoptée par les enseignants et les professionnels locaux : proposer aux apprenants de réaliser un projet personnel pour leur épreuve de brevet professionnel en paysage.
« Plutôt que de faire travailler tous les apprenants sur le même plan, nous leur demandons de concevoir leur propre jardin, avec toutefois quelques contraintes communes. L’objectif : développer leur créativité, mais aussi renforcer leur motivation et leur autonomie pendant toute la durée des deux années de formation », expliquent Hubert Laroche et Béatrice Delarbre, deux de leurs enseignants techniques dans cette filière.
Depuis une dizaine d’années, l’épreuve finale du brevet professionnel en aménagement paysager (BP AP) par apprentissage constitue ainsi un véritable temps fort pour l’établissement. Une journée qui rassemble les professionnels de la région, venus participer au jury ou repérer de jeunes talents en vue d’un recrutement, les enseignants, les élèves du lycée agricole et nombre d’anciens de la formation ainsi que les familles.
Contraintes minimes, créativité maximale
Le cahier des charges impose à tous de réaliser un aménagement – sur une superficie qui mesure entre 25 et 35 m2 – mais dont la forme n’est ni un carré ni un rectangle, afin de développer leur imagination. Le jardin doit respecter obligatoirement trois points :
- un élément construit, en élévation ou en volume (terrasse, dallage, bassin, pergola…) ;
- la plantation d’au minimum cinq plantes herbacées et cinq plantes ligneuses, dont un arbre tige pour évaluer plus particulièrement la capacité à réaliser un tuteurage dans les règles de l’art ;
- la présence d’une surface enherbée (gazon, sédums, prairie fleurie…).
À partir de ces consignes, tout est possible et les projets rivalisent d’inventivité ! Au-delà de l’épreuve finale du diplôme, le projet mobilise formateurs et apprenants tout au long de la formation, avec un travail qui commence dès le début de la première année.
Un planning bien séquencé, rythmant les deux ans de formation
De septembre à décembre, le cahier des charges est présenté par les enseignants et la réflexion débute, pour chaque apprenant, avec la recherche d’idées sur l’aménagement global et la palette végétale. C’est aussi le temps de l’élaboration des premières esquisses en noir et blanc.
À partir de janvier et jusqu’en juin, les apprenants doivent affiner leur projet, réaliser un plan de zonage afin d’identifier les différents éléments imposés, ainsi qu’un plan et des coupes d’ambiance en couleur. De septembre à décembre de la deuxième année, place au travail sur l’élaboration des plans techniques, métrés, plan de plantation, points de niveau…
À partir de janvier et jusqu’à fin avril-début mai, la phase « gestion de chantier » commence avec l’évaluation des besoins en fournitures, matériels et temps de travaux. Sans oublier le calcul du budget prévisionnel. Pour ce dernier, il est demandé d’évaluer aussi bien les coûts réels du projet, s’il avait été réalisé pour un client, que le coût pour l’examen. En effet, le lycée met à disposition des matériaux, matériels ainsi que des végétaux – disponibles via les serres de production – mais pas d’apport financier. L’ensemble du travail mené tout au long de ces deux années, accompagné d’un reportage photo du chantier, est consigné dans un classeur qui sera présenté pour l’examen. Celui-ci se déroule durant trois jours, en mai, avec une première journée consacrée à l’approvisionnement du chantier et les deux suivantes à la réalisation du projet, au cours de deux séquences de huit heures.
Le jury d’enseignants est complété, le deuxième jour, par des professionnels, bien souvent des anciens de la formation désormais en activité et/ou maîtres d’apprentissage.
« Alors que ces apprenants en BP ont, fréquemment, un parcours chaotique parsemé d’échecs scolaires, les enseignants ont constaté au fil des années que la démarche constituait un vrai plus pour les faire progresser, chacun à leur rythme », explique Béatrice Delarbre. Par exemple, il est très difficile pour certains de visualiser dans l’espace. Il est alors possible de travailler avec eux sur le futur site de l’examen, pour leur faire positionner – à l’échelle réelle – les éléments de leur projet. En partant de leur travail, les explications sont plus concrètes et facilement assimilables.
Valorisation : au-delà de la formation
Outre le fait qu’elle stimule leur créativité, cette approche permet aussi d’améliorer leur sens de l’organisation et leur autonomie.
Les jeunes font preuve d’initiative pour développer des partenariats auprès des pépiniéristes locaux et fournisseurs de matériaux, ou pour solliciter leur entreprise d’apprentissage pour le prêt de matériels ou d’engins. Il leur arrive aussi régulièrement de faire appel aux compétences présentes dans leur cercle familial, pour réaliser des éléments en maçonnerie ou en métal, une charpente de cabane en bois, une pergola… Un atout pour gagner en confiance et en estime de soi, mais également pour valoriser leur formation et leur futur métier auprès de leur entourage.
Par ailleurs, l’épreuve étant réalisée avec l’aide d’un auxiliaire – un apprenant en BP1 ou en bac professionnel –, elle met également en exergue leur capacité d’encadrement et leur aptitude à devenir rapidement chef d’équipe.
Le book qu’ils réalisent pour leur diplôme constitue, par la suite, un outil pertinent pour la recherche d’emploi. Il démontre leur capacité à mener un projet de A à Z, à réaliser des estimatifs, à dessiner. « Brevet professionnel en poche, ces jeunes n’ont aucune difficulté à trouver du travail, soit dans l’entreprise dans laquelle ils ont effectué leur apprentissage, soit ailleurs », conclut Hubert Laroche.
*Centre de formation et enseignement d’apprentis agricoles du Loir-et-Cher.
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